Europe

Les femmes tuées au sein du couple en France

En France, une femme est tuée tous les 3 jours par son compagnon ou son ex.

Ce chiffre est issu d’une étude réalisée chaque année depuis 2005 par la délégation aux victimes du ministère de l’Intérieur. Cette dernière s’appuie sur les télégrammes et synthèses de police judiciaire mais aussi sur les articles parus dans la presse nationale et régionale. Les affaires sont ensuite vérifiées auprès des services locaux de police et de gendarmerie.

L’analyse de ce rapport est précieuse. On y apprend par exemple que ces féminicides concernent  l’ensemble du territoire et toutes les catégories socio-professionnelles. Les statistiques suivant sont également rappelées : dans 41 % des cas, l’auteur s’est suicidé suite au meurtre de sa compagne ou ex-compagne. Sur les 24 femmes qui ont tué leur compagnon ou ex, 40% étaient identifiées comme victimes de violences conjugales.

Réalisée depuis bientôt 10 ans, elle permet également de constater que le chiffre accablant de 121 femmes tuées en 2013 reste peu ou prou le même que les années précédentes (139 en 2009, 146 en 2010, 121 en 2011, 147 en 2012). Une donnée qui fait désormais partie du paysage, annoncée chaque année en se disant « que ça ne peut plus durer ».

Néanmoins cette étude occulte le caractère systémique de ces violences. Ainsi, « le refus de la séparation », « la dispute », « la jalousie » ou encore« les difficultés financières » sont invoquées comme raisons du passage à l’acte. C’est nier le terreau qui les engendre et les justifie : la domination masculine. Citons à l’inverse le cas espagnol où, pour chaque féminicide, un communiqué de presse est publié par la ministre en charge des droits des femmes rappelant le décompte annuel et l’importance de prévenir ces violences. En France, en Espagne, partout dans le monde, le féminicide n’est pas une fatalité, ces crimes auraient pu être évités.

 

La chasse aux « sorcières » en Europe au Moyen Âge

La chasse aux sorcières est un exemple de féminicide à part entière : 80 % des victimes sont des femmes. Au Moyen-Âge et pendant l’Inquisition, des femmes, appelées « sorcières », ont été massivement tuées de manière atroce (noyade, bûcher) pour des raisons religieuses : elles se seraient allier aux Forces du Mal du fait de leur faiblesse et infériorité intellectuelle naturelles (selon le Malleus Maleficarum de 1486, ou Marteau des sorcières). En réalité, ces raisons étaient des prétextes permettant à l’Eglise de renforcer son contrôle sur les femmes. En effet, les premières femmes accusées de sorcellerie était les guérisseuses, les sages femmes, les avorteuses, ou encore les béguines, ces religieuses qui vivaient dans des communautés autonomes et prônaient une plus grande liberté sexuelle, ce qui remettait en cause le pouvoir omnipotent de l’Eglise. Les accuser de sorcellerie permettaient ainsi d’éliminer ces femmes de savoir, et donc de pouvoir. Ce « sexocide » des sorcières (selon l’expression de Françoise d’Eaubonne) a également permis à l’Eglise de mener une grande répression des mœurs libérées du monde rural, et surtout de la sexualité féminine.

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