On appelle féminicide le meutre d’une femme en raison de sa condition de femme.
Féminicides : de quoi parle-t-on ?
« Fémini- » comme dans « féminin », « -cide » comme dans « homicide », « infanticide » ou « génocide ». De toute évidence, le féminicide est un meurtre de femme. Pourtant quand une femme est tuée, on parle toujours d' »homicide », terme générique qui désigne le meurtre d’une personne humaine. Alors pourquoi ce terme ? Un féminicide est-il seulement un homicide de femme ou un infanticide de fille ? Ou ce terme recouvre-t-il une réalité plus complexe ?
Dans «Femicide : Politics of Woman Killing», publié en 1992, Diana Russell en donne la définition suivante : il s’agit du « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». Dans une société misogyne, où les violences masculines contre les femmes sont répandues et banalisées, certains hommes tuent des femmes en raison de leur sexe. La haine des femmes va jusqu’au meurtre.
En Chine, les couples n’ont droit qu’à un seul enfant, et il vaut mieux avoir un garçon. Des millions de femmes sont forcées de tuer leur bébé si c’est une fille. Dans certains états de l’Inde, c’est à la jeune fille de rassembler une dot pour pouvoir se marier. Cette dot est vue comme un coût financier trop lourd, et des millions de petites filles sont tuées à cause de cette “tradition”. Ailleurs, un père ou un frère tuera une jeune fille qui a “déshonoré” sa famille en étant violée. Ces pratiques religieuses ou culturelles ont toutes un point commun : elles prétendent que les filles valent moins que les garçons et que les hommes ont droit de vie et de mort sur elles. Dans différents pays, dans différentes cultures, la haine misogyne tue.
En France, on sait qu’une femme est tuée par son conjoint, compagnon ou ex tous les deux jours et demi en moyenne. “Crimes passionnels”, “drames familiaux”, ou féminicides ? Les mobiles et circonstances de ces meurtres nous donnent la réponse. Un meurtre intra-familial survient toujours après une longue série de violences machistes : harcèlement psychologique, violences physiques, viols, menaces de mort. Un homme tue sa femme pour deux raisons principales : l’adultère réel ou supposé, et la séparation. Il perd le contrôle sur son corps, elle lui montre qu’elle n’est pas “sa chose”, elle lui échappe, il la tue.
Les féminicides ne sont pas des homicides comme les autres, ce ne sont pas non plus des affaires privées. Les femmes sont encore considérées comme la propriété de leur compagnon ou des hommes en général. Ils s’approprient le corps des femmes et des filles par diverses agressions sexuelles et sexistes, par le viol, mais aussi par le meurtre. Il est temps de reconnaître que le féminicide est un crime spécifique, un meurtre misogyne qui doit être reconnu et jugé comme tel.
Parmi les feminicides ont compte:
- les « féminicides intimes » (violence domestique) commis par époux ou petit ami (actuel ou ancien). ils representent selon l’OMS et la London School of Hygiene and Tropical Medicine 35% des meutres de femmes dans le monde (1).
- Les « crimes d’honneur » visant à « protéger l’honneur de la famille ».
- les féminicides liés à la dot. Notamment dans certaines régions du sous continent indien, des jeunes mariées sont assassinées par des membres de leur belle-famille pour des conflits liés à la dot, par exemple pour avoir apporté une dot insuffisante à la famille du marié
- Les « féminicides non intimes » commis par une personne qui n’est pas en relation intime avec la victime.
(1) Stöckl, H et al. The global prevalence of intimate partner homicide: a systematic review (à venir).