Dans la ville de Ciudad Juárez au Mexique : l’impunité des féminicides
La ville de Ciudad Juárez au Mexique est devenue en l’espace d’une vingtaine d’années le lieu emblématique de ce qu’on appelle le féminicide.
Ciudad Juárez est une ville frontalière avec les États-Unis de plus d’un million d’habitants, située dans l’État mexicain de Chihuahua. Les années 1990-2000 sont marquées par le développement dans cette ville de disparitions et de meurtres de femmes, progressivement appelés féminicides. Ces assassinats sont particulièrement marquants : on retrouve des cadavres de jeunes femmes, parfois à peine sorties de l’adolescence, portant les marques de terribles violences sexuelles, viol et tortures.
A chaque meurtre, le même scénario se répète : des jeunes filles ou femmes disparaissent sur le trajet pour l’usine ou à la tombée de la nuit . Ces meurtres de femmes n’ont jamais été élucidés. Les familles des victimes se heurtent à la négligence, voire au mépris et à l’agressivité de la police. Les autorités, même à haut niveau, rejettent le blâme sur les victimes. Les personnes venues signaler une disparition sont menacées ou elles-mêmes mises en cause.
Chercheurs-ses et associations comptabilisent 382 femmes et filles assassinées entre 1993 et 2004, pour la plupart des ouvrières entre 15 et 19 ans. D’autres chiffres avancent le chiffre de 941 féminicides entre 1993 et 2010. Selon les ONG locales (en désaccord avec les statistiques des services de police), au moins une jeune fille disparaît par semaine.
Face au caractère massif et à l’impunité de ces féminicides, des groupes de femmes notamment se regroupent en associations comme la Casa amiga pour soutenir les proches des victimes, faire campagne contre la violence machiste et demander justice.